ÉGLISE / ORGUES

Temple Saint-Théodule / Église de La Tour-de-Peilz

Clocher à élégante flèche de pierre, type fréquent dans la région située entre Villette et le haut de la vallée du Rhône, ainsi que dans la vallée d'Aoste et les Alpes françaises. Nef claire et vaste dans l'esprit protestant, avec galeries à colonnades superposées sur trois côtés, parti architectural très élaboré que l'on retrouve au temple de Morges et à l'église de Gimel, inspiré de l'exemple prestigieux du temple de la Fusterie à Genève (1713 1715).

La chapelle Saint Théodule ne semble mentionnée qu'en 1307, contrairement à ce que l'on a souvent écrit. Elle s'adosse au mur nord de l'enceinte médiévale, dont une porte a été récupérée pour le clocher; celui ci a conservé de sa fonction de clocher-porte son passage public. L'église est affectée au culte protestant dès 1536. La Tour de Peilz ne devient qu'en 1783 une paroisse indépendante.





Début du XIVe siècle: choeur et gros oeuvre de la nef. XIVe ou XVe siècle: clocher, avec flèche peut être remaniée au XVlle siècle. 1740: percement des quatre grandes baies en plein cintre de la façade sud de la nef, et sans doute aussi celles au nord, modifiées en 1961; galerie occidentale, complétée en 1750. 1792-1796: nouvelle charpente, galeries, plafond, local d'archives; reconstruction du portail occidental et nouvelle porte au nord, datée 1793 sur sa clé.

1740: Pierre Bole, maçon architecte de La Tour de Peilz; charpentier Abram de la Chaux; puis en 1750 charpentier Moïse Nicole. 1792-1796: projet par le secrétaire du Conseil de la ville, repris par le maçon-entrepreneur Jacob Gunthert; maçons Frédéric et Jacob Gunthert, frères; charpentier Vincent Franel.

Nef de plan rectangulaire prolongée à l'est par un choeur plus étroit, à chevet plat voûté en berceau brisé. A l'ouest, clocher à flèche de pierre de plan octogonal munie de petites lucarnes élancées; étage des cloches percé sur chaque face d'une baie en arc brisé en tuf à remplage, avec appui souligné d'un cordon. Portail occidental en anse de panier, avec ébrasement concave décoré de bossages. Grandes fenêtres en plein cintre éclairant l'intérieur de la nef. Sur trois côtés, galerie à colonnes toscanes superposées. Plafond en bois revêtu de plâtre, type courant dans les constructions neuves de cette époque, voûté sur le vaisseau central et plat sur les galeries.

Chaire de 1710, par Jean Baptiste Lemp, de Vevey, avec colonnettes torses d'inspiration baroque aux angles. Table de communion de 1734, portant l'inscription «La Table du Seigneur». Quatre stalles très sobres dans le choeur, peut être du XVllle siècle. Pour le reste, mobilier renouvelé en 1900 et en 1961. Orgue de 1991, par la manufacture d'orgues de Lausanne Jean François Mingot; buffet par l'ébénisterie Andersson S.A., à Vevey.

Vitraux de 1961/1962/1967, dessinés par le peintre Jean Pierre Kaiser et exécutés par le verrier Robert Schmit, de Lausanne.

En 1845, pour remplacer deux anciennes, trois cloches sont réalisées par la fonderie Treboux de Corsier-près-Vevey.

Restaurations en 1900 (intérieur, avec avancement de la tribune de l'orgue); 1961 (retour à un aspect plus médiéval par le dégagement du choeur: suppression de la travée orientale des galeries et déplacement de la chaire; transformation en style gothique de la fenêtre axiale, etc.).

Brochure réalisée à l’occasion de l’inauguration du Temple renové – 4 novembre 2017
Guide des monuments suisses SHAS – L’Église de La Tour-de-Peilz par Isabelle Roland

Les orgues

Lieu de musique, d’enregistrements et de concerts, le Temple de La Tour-de-Peilz dispose de deux orgues de qualité qui participent très fréquemment à la vie musicale Boélande. Entièrement mécaniques, ils font résonner les murs du Temple tant pendant les offices que lors de nombreux concerts.

L’orgue de tribune Jean-François Mingot - 1991
Construit en 1991 par le facteur d’orgue suisse-romand Jean-François Mingot, cet instrument de trois claviers et pédalier est pensé pour pouvoir servir un maximum de répertoires. Si les claviers du Grand-Orgue (I) et du Positif (II) ainsi que le Pédalier sont résolument tournés vers la musique du 18e siècle, le Récit Expressif (III) apporte quelques ouvertures sur les musiques plus tardives.
L’orgue de chœur Liardon/Felsberg – 1995

En 1995, l’organiste Gaël Liardon conçoit en collaboration avec la Manufacture Felsberg un orgue dédié à l'étude des tempéraments (la façon d’accorder les instruments à claviers).

Cet instrument, de taille relativement petite, a donc pour vocation de permettre l’essai de différents tempéraments à l’orgue, avec des sonorités proches de celles d’un Grand-Orgue (tuyaux ouverts), tout en restant accordable facilement par une seule personne. L’harmonisation, faite par Jean-Marie Tricoteaux, se veut riche en harmoniques et très polyphonique. Ainsi, l’instrument est composé de trois jeux de principaux – un 8’ très clair dans la polyphonie et chantant dans les dessus, un 4’ et un 2’ riches en harmoniques – et une régale au timbre ferme, qui peut autant être jouée seule que se mélanger aux autres registres. Chaque registre étant coupé en basses et dessus (coupure entre c’ et cis’), cet instrument offre – malgré sa petite taille – un certain nombre de combinaisons de sons et permet de jouer bien du répertoire, mais encore de faire du continuo et d’improviser.

Les tuyaux à bouche peuvent être accordés grâce à une gaine d’accord (ou manchot) qui modifie la longeur du tuyau, et donc la hauteur du son qu’il produit. La première octave du Principal 8’ étant bouchée, elle peut être facilement accordée au moyen des chapeaux. Quant au jeu de Régale, il peut naturellement s’accorder grâce aux rasettes, comme n’importe que jeu d’anches. Le système des bagues d’accord permet ainsi l’accord des tuyaux sans usure, et en conservant clarté de son des jeux ouverts.

Sur son site, Gaël expliquait: « Les tuyaux ont été disposés de manière à être tous à portée de main : le sommier principal, en dessus du clavier, porte les petits tuyaux (régale et principaux jusqu’à la longueur de 2’) ; un deuxième sommier est placé derrière l’orgue au sol et porte les grands tuyaux (plus grands que 2’). Les gravures de ces deux sommiers sont reliées par des porte-vent en bois. » Il poursuit: « Par choix esthétique et de sensibilité personnelle, la soufflerie est actionnée mécaniquement au moyen d’une pédale. Une deuxième pédale se trouve derrière l’orgue pour permettre de pomper en accordant les grands tuyaux. »

Cet orgue a longtemps fait résonner les murs du temple de Villamont à Lausanne, où Gaël Liardon travaillait. Suite à sa disparition en 2018, la famille Liardon a très généreusement fait don de l’instrument à la Ville de La Tour-de-Peilz en janvier 2021, afin qu’il prenne place au Temple St-Théodule, où il sert déjà pour les offices, l’enseignement et les concerts. Placé à droite du chœur, il a admirablement trouvé sa place et peut également dialoguer avec le Grand-Orgue.

Les orgues en vidéo
Plus d’informations sur les orgues

Composition de l’orgue de tribune Jean-François Mingot

Grand-Orgue (I):
Bourdon 16’
Montre 8’
Flûte 8’
Prestant 4’
Doublette 2’
Fourniture IV 2’
Trompette 8’
   
   
Positif interne (II) :
Bourdon 8’
Flûte 4’
Sesquialtera 2 2/3’ + 1 3/5’
Montre 2’
Larigot 1 1/3’
Cymbale II 1’
Musette
Tremblant
8’
Récit expressif (III):
Bourdon 8’
Salicional 8’
Unda Maris 8’
Prestant 4’
Nasard 2 2/3’
Flageolet 2’
Tierce 1 3/5’
Plein Jeu II 1’
Chalumeau 8’
Pédale:
Soubasse 16’
Flûte 8’
Principal 4’
Basson 16’
Trompette 8’
Accouplements:
III-II
III-I
II-I
III-P
II-P
I-P
 
 
 
Appels:
Trompette GO
Basson
Fourniture
Système d’appel/renvoi à boutons tournants

Composition de l’orgue de chœur Liardon/Felsberg

Principal 8’
Octav 4’
Superoctav 2’
Regal 8’

Claviers coupés c’-cis’